Garçon pressé, promis de la revoir bientôt
"Si tu viens mercredi, tu auras un bouquet"
Voilà ce qu'il lui dit avant de l'embrasser.
"Si tu m'offres des fleurs, sûre je ne viendrais pas
Des bouquets j'ai horreur, ces roses, ces lilas
Damnés dans des vases, des verres et des pots,
Rangés dans des cases, que l'on noie dans de l'eau,
Elles perdent leur beauté,et leurs pétales
Crèvent dans leur joli cercueil de cristal.
Les fleurs c'est pour les morts, ou bien pour les jardins!
Tu ne veux pas ma mort? Tu n'as pas les moyens
De m'offrir un coin vert, donne moi un baiser
Petits vers de terre, et je te dis un secret."
Comme je jeune homme, à la tache se mit
Pour son bon goût de pomme, doucement elle lui dit:
"Moi je n'aime que les coquelicots
Si tu m'en offre un, je ne dis plus un mot"
Le garçon, lui, tenait, à son joli cadeau
Pendant une semaine, il tenta de cueillir
Les points écarlates, les doux coquelicots
Qui d'un coup dans sa main, se mettait à mourir.
Et quand vint mercredi, aucun n'avait duré
Sa charmante maîtresse pour le consoler
Lui a dit, malgré tout, je crois que t'as gagné,
Tu n'avais pas un sous pour m'offrir un bouquet,
Et je connais de drôles de coquelicots
Si tu m'en offre un, je ne dis plus un mot
Il pousse sans faner, il pousse en liberté
Sur tes lèvres rosés, dans tes tendres baisers.