30/01/2008

coquelicot.



Deux amants se disaient au revoir bien trop tôt
Garçon pressé, promis de la revoir bientôt
"Si tu viens mercredi, tu auras un bouquet"
Voilà ce qu'il lui dit avant de l'embrasser.
"Si tu m'offres des fleurs, sûre je ne viendrais pas
Des bouquets j'ai horreur, ces roses, ces lilas
Damnés dans des vases, des verres et des pots,
Rangés dans des cases, que l'on noie dans de l'eau,
Elles perdent leur beauté,et leurs pétales
Crèvent dans leur joli cercueil de cristal.
Les fleurs c'est pour les morts, ou bien pour les jardins!
Tu ne veux pas ma mort? Tu n'as pas les moyens
De m'offrir un coin vert, donne moi un baiser
Petits vers de terre, et je te dis un secret."
Comme je jeune homme, à la tache se mit
Pour son bon goût de pomme, doucement elle lui dit:
"Moi je n'aime que les coquelicots
Si tu m'en offre un, je ne dis plus un mot"
Le garçon, lui, tenait, à son joli cadeau
Pendant une semaine, il tenta de cueillir
Les points écarlates, les doux coquelicots
Qui d'un coup dans sa main, se mettait à mourir.
Et quand vint mercredi, aucun n'avait duré
Sa charmante maîtresse pour le consoler
Lui a dit, malgré tout, je crois que t'as gagné,
Tu n'avais pas un sous pour m'offrir un bouquet,
Et je connais de drôles de coquelicots
Si tu m'en offre un, je ne dis plus un mot
Il pousse sans faner, il pousse en liberté
Sur tes lèvres rosés, dans tes tendres baisers.


26/01/2008

Bouche de métro


Ça fait longtemps
Que la pisse, les égouts
Me servent de salive
Ça fait longtemps
Que le béton, les pavés
Me servent de gencives
Ça fait longtemps
Que les hommes, les femmes
Me servent d'incisives
Que les chats errants, les enfants
Me servent de canines
Ma bouche entre dans la terre
Et crache, crache
Les travailleurs, les chômeurs
Les adultes, les marmots,
Les riches, les claudos,
Les étudiants, les vieux sages,
Les cons, les restes d'êtres humains,
Qui se pressent, se pressent
Pour sortir, Comme du vomi.



le voyageur sans bagage


Je voyage comme je peux
Mes poches vides retournées
J'attends la pluie
Pour m'imaginer mieux
Les chutes du Niagara
Ou la mer Egée
Je me moque: Ha! ha !ha
De ceux qui partent en vacances
Car je fais mieux, je pense!
Mes poches vides retournées
M'amènent aussi loin
Que la pleine lune
Pas besoin de thune
D'itinéraire, de chemin
A la station Stalingrad
Me voilà, en Russie
Si j'ai froid! ça me regarde!
J'préfère ça à Paris.

Le fugitif.



Il avait écrit sur le mur
Gris de la ville et de l'usure
Au revoir
Suivit de trois ronds noirs
Je pense à ces mots peints
A l'ultime poésie
Que marque le dernier point
Pour qui l'a t'il écrit?
Pour la foule qui l'ignore,
Le chien urinant sans effort,
Pour l'amour d'une femme,
Ou pour moi qui l'acclame.
J'aime à le croire homme
Sortant de sa poche
Le stylo qui m'assomme
J'aime à le croire beau
Pourquoi serait-il moche?
Puisqu'il n'est pas idiot.
Mon regard fugitif
Fait revivre sa promesse
Et l'instant décisif
De sa plume qui caresse
Le mur encore trop gris
Qui maintenant me sourit
D'ailleurs est-il parti ?
L'au revoir lui demeure
Il laisse sa trace ici
Pour mieux partir ailleurs.

8



Huit c'est comme l'infini à l'envers
Plutôt crever
Que t'effacer.
Plutôt haïr
Qu'oser aimer.
Huit
Comme si rien n'était passé
Huit
Comme si tout pouvait s'écrouler
Plutôt pleurer
Plutôt crier
Que t'oublier
Tes cris sont des mémos
Et mes larmes des échos.
Huit c'est l'infini à l'envers
Si tout est fini, mon cher,
Plutôt crever
Que t'effacer
Plutôt hurler …

19/01/2008

Bonjour.


Ma fenêtre lève l'aurore
L'aurore couchée sur les draps
Et les draps flous de reflet d'or.
De tous, j'aime ce moment-là.
Tes vagues souffles essoufflés
Volent à la dernière étoile
Lui dire de se coucher.
Et les draps comme des voiles
Se gonflent de tout ton ventre
Le monde paraît irréel
Aucune obscurité n’entre
L'aurore couvre de son ombrelle
Ce que j'aime : ce moment-là
Je me régale de la beauté
Des tendres pains au chocolat
Des croissants et de l'humanité.
De ce moment, j'aime surtout
Le temps qui reprend sa mesure
Et Me voilà qui oublie tout
Par-dessus tout que rien ne dure
Tu ouvres les deux yeux.
Les draps s'agitent en tempête
Et l'aurore à s'enfuir s'apprête
J'aime la fin de ce moment
Avant ton premier mot, avant
Quand réveiller par le beau jour
Tu ouvres tes deux yeux,

14/01/2008

7




Dans la ruelle boiteuse
Les sons de la pluie qui ruisselle
Ruinent encore la rue.
L'égout déborde de sa saleté
Il suppure son élégance,
De la boue, de la boue
De l'eau de ragout.
Il n'a dans cette odeur oisive
Rien qu'un reste de rive
Gauche où le clochard sommeille
D'un rêve saoule et puant.
N'as-tu pas mal au coeur ?
Le nauséabonde n'a pas d'odeur
Il t'est falmilier ce parfum de pisse étalée,
Les gouttelettes qui s'empressent de noyer
Cette saloperie.
Si tu ouvres grand tes narines
Tu sentiras peut être, la gamine
La pétasse d'odeur de Paris.

12/01/2008

Nostory.





Nostory
A l'oiseau ils couperont le bec
Alors tous les moteurs chanteront Les amoureux auront le coeur sec
Et tous les enfants disparaîtront
Je mettrai mes lèvres en silence
Les bouches cousues au fil des mots
Les voix seront soupires, absence
Les phrases enfermées au cachot
Les écrits saisis au placard
Se mettrons à hurler, à crier
Torturés dans leurs lettres noires
Leur encre totalement desséchée.
On ne dira plus rien à part chut
Aux vagabonds et aux poètes Qui n'auront que des idées brutes
Des rêves informes dans la tête
Plus personne ne pourra parler
Les flics en uniforme le soir
Diront:" Y a rien à raconter
Enfin ne faites pas d'histoires!"

09/01/2008

rouge à coeur


Nos jours sont comptés mon amour
Les jours qui sont locomotives
Filent, passent et puis derivent
Il ne nous reste que peu de jours

Il est déjà treize heure et quart
Depuis quand comptes tu les heures ?
Je crois qu'il est déjà trop tard
N'as tu pas vu mon rouge à coeur?

Peut-être est-il sur l'étagère.
Dans ce foulli, je le trouve pas
Tu sais que dans cette poussière
Je ne vois rien, il n'est pas là

On est peut-être déjà en retard
C'était, je crois, un rouge passion
Regarde encore dans le placard
Tu aurais pu faire attention

Tu le mettais hier sur tes joues
Ca t'allait bien, me rendait fou
Je me souviens l'avoir rangé
Dans un endroit pour le trouver

Je crois qu'on ne le trouvera jamais
Il n'a tout de même pas disparu!
Cherchons encore s'il te plait
Comment peux-tu l'avoir perdu?

Peux-tu encore me donner l'heure?
Tout est desordre tout est cafard
N'as -tu pas vu mon rouge à coeur?
Je crois qu'il est déjà trop tard

05/01/2008

J'taime bien


Y en a qui mettent du Dior
Du Channel, du Guerlain,
Il y en a qui mettent du parfum
Et ça sent les épices, ça sent la rose
Mais ça sent pas grand chose
Car moi je préfère ton corps
Et l'odeur de ta peau
y a qu'dans ta boutique
Qu'elle ait fabriqué
Et moi je suis un moustique
Pret à te piquer
Dans le dos.

J'y peux rien
J'crois que j'taime bien.

Y en a qui mettent la langue
Qui ont les lèvres belles
Le goût de mirabelle
De citron et de mangue
J'préfère quand tu m'embrasse partout
Ca a le goût de ta salive
Ca a le goût de tes joues
Et j'la bois ta salive
Il y a que dans ton bar
Que l'on sert ce vin blanc
Et moi j'suis un vampire
Pret à boire
Tout ton sang

J'y peux rien
J'taime bien

Y en a qui mettent du coeur
Des draps, des couvertures
Des rêves et puis des fleurs
Mais moi, jpréfère ton lit
Qui a de vieux draps sales
Aucune flamme, aucune pétale
Et qui a l'coeur tout gris
Car il y a que dans ce lit là
Que je peux faire l'amour
Car moi je suis un chat
Et j'te ferai des griffures
Sur ton ventre et autour!

J'y peux rien
J'taime bien.

03/01/2008

Mort Tragique.(dédié à Hrant Dink)

Mort tragique
De monsieur Dink
Sur la place publique
Ecoutez la musique
Des cris de monsieur Dink
Changement dramatique
Double tour oblique
Sur le rêve fantastique
De monsieur Dink

Son corps indique
Un crime fanatique
Que toujours critique
Le silence paisible
De monsieur Dink
Les phrases mélodiques
D'un peuple identique
Dans un Etat tyrannique
Que chantait Monsieur Dink

Monsieur Dink doucement explique
En lettres noires, en italique
Un passé catastrophique
Et un avenir pacifique
Comme monsieur Dink
Mais l'idée rend allergique
L'idée défait la chronique
Et ça y est c'est la panique
Les rois tombent tous à pique
Devant monsieur Dink

Monsieur Dink
Sans crier réplique
Sa réponse est véridique
Mais son pays donne la peine
sans le verdict
Alors monsieur Dink
Dressé sur la place publique
Par la foule colérique
Donne son visage angélique.